La Personne de confiance en entreprise 

Un dispositif obligatoire, mais souvent méconnu 

Quels sont les processus en place dans les entreprises, associations et collectivités publiques qui viennent en aide aux collaborateur∙trice∙s vivant des difficultés au travail, des conflits, ou se sentant discriminés ou harcelés ? Qu’existe-t-il comme ressource pour les employé∙e∙s qui ressentent des injustices dans le traitement qui leur est réservé ?  

Ces questions restent bien souvent en suspens au sein des entreprises en Suisse. Pourtant, le Tribunal fédéral (TF) a précisé dans un arrêt de 2012 que toutes les entreprises ont l’obligation de mettre à disposition de leurs collaborateur∙trice∙s une personne de confiance en entreprise (PCE) ou de « prévoir un système de gestion des conflits équivalent qui assure le même de niveau de protection ». L’obligation ne s’arrête pas là : un second arrêt du TF de 2023 a condamné une banque qui était contrevenue à son devoir de protéger ses employé∙e∙s contre des atteinte de l’intégrité personnelle, non pas parce qu’elle ne disposait pas de PCE, mais parce que les collaborateur∙trice∙s n’en avaient pas été informé∙e∙s.  

Groupedeconfiance_unsplash Fondation O2

Qu’entend-on par Personne de confiance en entreprise et comment fonctionne ce dispositif ? 

La personne de confiance en entreprise (PCE) propose une aide confidentielle et gratuite pour l’ensemble des employé∙e∙s d’une entreprise ou d’une collectivité publique. La charge financière de cette aide est de la responsabilité de l’employeur. Les collaborateur·trice·s peuvent faire appel aux PCE en cas de difficultés relationnelles (tensions, conflits, discrimination, harcèlement moral et sexuel) sur le lieu de travail. L’aide consiste en une écoute du vécu des collaborateur∙trice∙s, du soutien et une recherche de solutions à la situation pénible vécue au travail. La PCE joue également un rôle d’évaluation de la situation, quant à sa gravité et elle peut informer l’employé∙e sur la possibilité de démarches et suites à donner. Un suivi peut être proposé pour soutenir le∙la collaborateur∙trice dans ses démarches. De plus amples informations peuvent être consultées dans la brochure « Mobbing et autres formes de harcèlement » du Secrétariat d’Etat à l’économie. 

Les outils de promotion de la santé mentale donnent tout d’abord l’occasion de parler de ce thème de manière respectueuse et soutenante, avec l’ensemble des collaborateur∙trice∙s. Il est important que lors des séances du personnel, par exemple, les dirigeant∙e∙s puissent montrer que le sujet du bien-être au travail est pris au sérieux et qu’il n’y pas de place pour les comportements de harcèlement et de discrimination. Le fait de présenter, de manière régulière, le dispositif de personne de confiance en entreprise indique aux employé∙e∙s que le fait de pouvoir parler de ses difficultés au travail est quelque chose de normal, favorisant la résolution des problèmes, et ne doit en aucun cas être une démarche culpabilisante. Enfin, les cadres dirigeants, en intégrant le dispositif de PCE comme un moyen de prévention des risques psychosociaux et en le rappelant régulièrement aux collaborateur∙trice∙s, peuvent établir une relation basée sur la confiance et le respect avec ces derniers∙ères. Il faut souligner que les PCE sont à disposition de tous∙tes, quel que soit le niveau hiérarchique.

Bien souvent, l’information est donnée en même temps qu’une multitude d’autres informations à l’arrivée d’un∙e nouveau∙elle collaborateur∙trice et elle finit par être oubliée. Ceci montre l’importance de rappeler les messages de prévention de manière régulière. On peut également parfois remarquer une certaine méfiance des cadres dirigeants à l’égard des PCE, un peu comme si le fait de donner la possibilité de parler des problèmes ouvrait la porte à d’autres problèmes, encore plus insurmontables. On peut penser que certains cadres ne vont pas mettre ce service en avant, ou même le cacher aux employé∙e∙s. Malheureusement, cette attitude va produire l’effet inverse : en « cachant les problèmes sous le tapis », ils risquent très probablement de prendre de l’ampleur et provoquer des dommages d’autant plus importants sur la santé mentale des collaborateur∙trice∙s et sur le climat de travail, pouvant par la suite entraîner davantage d’absentéisme et un turnover plus important.

Quel est le rôle des cadres dirigeants dans la promotion de la santé mentale au travail ? 

Les dirigeants ont un rôle clé à jouer en abordant régulièrement le bien-être au travail lors des séances du personnel. La promotion d’un dialogue ouvert et sans jugement sur la santé mentale au travail permet non seulement de prévenir les risques psychosociaux, mais aussi de renforcer la cohésion et le bien-être global des collaborateur∙trice∙s. Le dispositif de Personne de confiance en entreprise a un potentiel immense pour améliorer le bien-être au travail, à condition d’être régulièrement mis en avant et encouragé par les dirigeant∙e∙s. En favorisant un dialogue ouvert sur les difficultés rencontrées, les entreprises peuvent prévenir les problèmes avant qu’ils ne s’aggravent, tout en renforçant la santé mentale des employé∙e∙s et le climat de confiance.

Le Groupe de Confiance

Le Pôle santé au travail de la Fondation O2 est également constitué du Groupe de confiance (personne de confiance en entreprise- PCE) auquel les entreprises et institutions intéressées peuvent s’affilier. En effet, en vertu du droit suisse (art. 328 du Code des obligations et 6 de la Loi fédérale sur le travail), les employeurs doivent prendre toutes les mesures nécessaires afin de protéger la santé, la personnalité et l’intégrité personnelle des employés dans le cadre des rapports de travail.

Le Groupe de Confiance est un service de soutien offert aux collaborateur·trice·s des entreprises affiliées dans le but de protéger l’intégrité personnelle de ces derniers

En savoir plus sur le Groupe de confiance proposé par la Fondation O2 :

Stephanie_doriot Fondation O2

Stéphanie Doriot

Cheffe de projet – Santé au travail